« C'est par matière de devis que je parle de tout, et rien par matière d'avis. Je ne serais pas si hardi à parler s'il m'appartenait d'en être cru ; et ce fut ce que je répondis à un grand, qui se plaignait de l'âpreté et contention de mes enhortements : ''Vous sentant bandé et préparé d'une part, je vous propose l'autre de tout le soin que je puis, pour éclaircir votre jugement, non pour l'obliger.'' »
(Montaigne Essais livre III chapitre 11 Des boiteux)
Montaigne explique à plusieurs reprises sa manière de concevoir le conseil aux gouvernants. Conseiller oui, courtiser non. Éclaircir oui, éblouir non. Accompagner oui, et non embobiner (ou "volubiliser" ?).
Il fit ainsi, convaincu que c'était ce qu'il fallait faire. Mais il avoue parfois son amertume que la justesse de son jugement n'ait pas été davantage reconnue (voire récompensée).
Cependant, s'il avait vécu un peu plus longtemps, il aurait peut être été un conseiller écouté d'Henri IV. Celui-ci l'apprécia lors de leurs rencontres quand il était encore roi de Navarre. Ils partageaient un même souci : la réconciliation des partis en lutte et leur collaboration pour le bien (ou le moindre mal) du royaume.