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Blog - Page 149

  • Parce que c'est lui

    Allez, pour changer, un parcours avec Montaigne ... Avec une différence, peut être. Dans les précédents, je suivais un fil rouge, je déroulais un thème.

    Cette fois mon intention est de proposer simplement des extraits du texte sans commentaire. Ou presque : une brève explication s'il le faut, la « traduction » de tel mot pour éviter au lecteur faux sens ou contresens.

    Je commence sans savoir combien de temps, combien de citations pour ce parcours. Ce que je sais, c'est que je ne m'arrêterai pas aux propos complexes, philosophiques, mais à ceux dont Montaigne dit « Je me laisse aller comme je me trouve ».

     

    « Je ne sais ni plaire, ni réjouir, ni chatouiller : le meilleur conte du monde se sèche entre mes mains et se ternit.

    Je ne sais parler qu'en bon escient(1), et suis du tout dénué de cette facilité, que je vois en plusieurs de mes compagnons, d'entretenir les premiers venus et tenir en haleine toute une troupe, ou amuser, sans se lasser, l'oreille d'un prince de toute sorte de propos, la matière ne leur faillant jamais, pour cette grâce qu'ils ont de savoir employer la première venue(2), et l'accommoder à l'humeur et portée de ceux à qui ils ont affaire.

    Les princes n'aiment guère les discours fermes(3), ni moi à faire des contes. »

    (Montaigne Essais livre II chapitre 17 De la présomption)

     

    (1)En ayant du sujet une certaine science, connaissance. Minimisant ainsi le risque de raconter des bêtises.

    (2)La première matière venue, le premier truc qui leur passe par la tête.

    (3)Ferme : net, concis, rigoureux (aux deux sens), pas un blabla inconsistant et qui se veut surtout plaisant.

    Et si l'on compare cette phrase lapidaire à la précédente, sinueuse à souhait (qui imite précisément le discours de ces gens à la parole facile), elle sonne comme une sentence. Implicitement elle dénonce le goût des princes à être divertis plutôt qu'instruits, à préférer des courtisans amuseurs à des compagnons de bon conseil. Fort de son expérience, sur ce sujet Montaigne sera plus explicite à d'autres endroits du livre, non sans une certaine amertume que l'on discerne un peu ici.

     

  • Zamier

    -Zamier n.m. 1777; var. zamie 1819 ; zamia 1796. Mot latin des botanistes, déformation du latin azaniae nuces « noix desséchées ». BOT. Arbre des régions équatoriales (cycadacées), dont les feuilles ressemblent à celles des palmiers, et dont la moelle fournit le sagou. Voili voilou …

    -Eh bien, le moins qu'on puisse dire, Ariane, c'est que pour le dernier mot, il y va, Robert. C'est son bouquet final, en quelque sorte.

    -C'est un mot qui se prête bien à décortiquer, comme on aime faire.

    -Oui d'accord. Alors prenons les choses dans l'ordre. Sur les trois noms, tes interprétations ?

    -Zamia 1796, à la fin de la Révolution donc, garde je dirais trace du goût de la période pour tout ce qui est latin. Dans les Assemblées ils se la jouaient on est le Sénat romain les gars ...

    -Mmouais … Et zamie 1819, Blanche ?

    -Zamie, amie, romantisme, Confession d'un enfant du siècle.

    -Tu es consciente que tu dis n'importe quoi, j'espère ?

    -Je fais de la libre association d'idées, Ariane. Ce n'est pas dire n'importe quoi, mais dire tout ce qui vient comme ça vient. Nuance.

    -À propos d'association d'idées, tu ne trouves pas que dans mot latin des botanistes, déformation du latin azaniae nuces, il y a quelque chose comme de la condescendance ? Genre ouais c'est du latin si on veut, mais côté linguistique les botanistes sont légers par rapport à moi Robert.

    -Moi j'ai tiqué sur azaniae, mais c'est bon je l'ai trouvé chez Félix.

    -Félix ?

    -Gaffiot. Son petit nom c'est Félix, comme celui de Robert c'est Paul.

    -Soit. Mais puisque tu appelles Robert Robert, Blanche, il est illogique d'appeler Gaffiot Félix. Il faut appeler un chat un chat.

    -En tous cas Gaffy il dit que l'azanie c'est en Ethiopie. D'où le palmier.

    -Au fait tu savais qu'on disait moelle pour un arbre ? Et puis sagou, c'est quoi ?

    -Substance amylacée, fécule jaunâtre qu'on retire de la moelle de divers palmiers, notamment du sagoutier, du zamier.

    -D'accord la boucle est bouclée. Il a de la suite dans les idées, notre Robert.

    -Sauf qu'il ne dit pas le goût du sagou, Ariane.

    -Fécule jaunâtre ça ne fait pas vraiment envie. À mon sens Robert n'est pas plus sagou que yakitori.

    -Il frise la xénélasie culinaire, en fait.

    -Pas grave : des goûts et des couleurs, tout ça ... Mais ça ne l'empêche pas d'examiner avec bienveillance chaque nouvelle demande d'asile en langue française.

     

  • Yakitori

    -Yakitori n.m. v.1970 mot japonais. Brochette de volaille préalablement marinée (plat japonais).

    -Tiens, c'est raccord avec la dernière fois.

    -Pourquoi tu dis ça, Ariane ?

    -On a évoqué les Japonais tu te souviens ?

    -Oui, mais pas du tout dans le même contexte.

    -C'est un genre de métonymie, si tu veux.

    -Entre la brochette de volaille marinée et le citoyen harcelé par la xénophobie ambiante ? À la rigueur je parlerais plutôt de métaphore.

    -En tous cas Robert fait remonter le goût pour la cuisine japonaise aux années 70, moi j'aurais dit un peu plus tard, mais bon.

    -Et Robert, il aime ça tu crois, la cuisine japonaise ? Tu ne trouves pas qu'il insiste lourdement mot japonais, plat japonais. Genre je dis ça je dis rien.

    -C'est pourtant bon, Ariane, la cuisine japonaise : saine, raffinée, pleine de saveurs subtiles …

    -Pour être subtil c'est subtil. Trop pour moi je pense. J'ai goûté une fois des sortes de euh bonbons disons, ça ressemblait un peu à des haricots en gelée, avec un goût de euh terre. C'est spécial quoi.

    -Mais les sushis, les sashimis ?

    -Bof. Mais par contre je ne me lasse pas d'Hokusai. Ça compense non ?