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Blog - Page 153

  • Obédiencier

    -Obédiencier n.m. 1240 de obédience. REL. Religieux soumis à l'autorité spirituelle d'un supérieur. - Religieux qui administre, par ordre de son supérieur, un bénéfice dont il n'est pas titulaire. Bon alors lui il a déjà gagné le titre de mot le plus ancien de notre série.

    -Jusqu'à présent, Blanche, on ne sait pas pour la suite. À moins que tu aies déjà regardé les autres mots ?

    -Non bien sûr Ariane, tu sais moi je n'anticipe jamais, je laisse venir ce qui vient. On est comme ça dans la famille Page. Mais c'est simplement que 1240 ça commence à bien remonter quand même.

    -Oui c'est le privilège ecclésiastique version linguistique. À l'époque c'étaient les moines qui avaient le copyright sur tous ces textes que Robert trace pour dater les mots. Tout se faisait au feeling de leur plume. Et comme ils portaient probablement un soin tout particulier aux mots qui avaient rapport à leur boutique ...

    -Ah oui là on y est en plein : la hiérarchie et le bénéfice.

    -Et du coup tu ne remarques pas un truc, Blanche ?

    -Le parallèle entre un ordre religieux et une multinationale ?

    -Euh oui aussi … Mais moi ce que je vois surtout, c'est que le mot n'a pas de féminin. Pas d'obédiencière à l'horizon.

    -C'est qu'à l'époque l'écriture inclusive n'était pas leur priorité j'imagine.

    -Et l'inclusion encore moins.

    -N'ayons garde d'oublier, Ariane, qu'il y avait aussi des ordres féminins, et donc parmi les moniales peut être quelques obédiencières.

    -Peut être, mais j'ai l'intime conviction que le droit canon préférait que les nanas, enfin les nonnettes, elles obédiencillent plutôt aux pères, aux frères, enfin aux mecs.

    -Heureusement tout ça c'est du passé … Oui c'est ironique Ariane fais pas cette tête. Mais bon on ne va pas commencer à parler du sort calamiteux des femmes dans les trois quarts du monde. Ce n'est pas dans notre cahier des charges. Et puis ça me déprime trop.

    -D'accord Blanche. Mais à propos de passé, et sans outrepasser notre strict domaine lexical, je me demande si ce mot a encore sa place dans le dictionnaire. Parce que bon les bénéfices religieux n'existent plus depuis la Sainte Lurette ... ou le Beau Glinglin ... enfin un certain temps disons. En ce sens précis j'entends.

    -Tu prêches une convertie ! Rappelle-toi Ariane, déjà moi l'autre fois je voulais virer jaboter, mais tu lui as accordé un délai de grâce.

    -C'est vrai, mais là on a un mot qui n'a rien à faire valoir pour sa défense.

    -Et en plus il n'est pas facile à prononcer.

    -Obédiencière ne le serait pas davantage.

    -Mais par bonheur ça n'existe pas. Tu vois, Ariane, le monde n'est pas si mal fait.

     

  • Nable

    -Nable n.m. …

    -Non attends, ne me dis pas, Ariane. À tous les coups nable est un mot péj. Une insulte, genre nullard, loser, tout ça.

    -Ah bon tu crois ?

    -Nable : double minable. En effet un mi-nable égale un demi nable, donc si tu le multiplies par deux tu retombes sur nable. CQFD.

    -Désolée de te le dire, Blanche, mais tu sortirais une définition pareille au jeu du dico, personne ne voterait pour toi.

    -Pourquoi pas ? Côté logique ça se tient.

    -Nable n.m. 1820 du néerlandais nagel « cheville ». MAR. Trou de vidange (d'une embarcation).

    -Ah tu vois, Ariane, en fait je n'étais pas si loin.

    -Tu trouves ?

    -Ben ouais, réfléchis : c'est un terme de marine.

    -Et ?

    -Marine, capitaine, insultes ? Ça ne t'évoque rien ?

    -Ah d'accord, Blanche, je vois. Bandes de nables, espèces d'abaisse-langues en dacron, jaboteurs amérindiques …

    -Labelles de catleyas, espèces de babiches à la graisse de macadamia ...

    -C'est une métonymie en fait.

    -Babiches à la graisse de … ?

    -Non, nable est une métonymie. Ça signifie cheville, et ça désigne un trou. C'est donc un glissement métonymique.

    -Sauf que quand tu es en mer, Ariane, y a pas intérêt à ce qu'il glisse trop, ton nable. Naufrage assuré. Ah tiens naufrage ça coule euh ça tombe à pic : bande de naufrageurs, glissements métonymiques bataves ...

    -Bande de métaphores botaniques proustiennes à la graisse d'étymologies robertiques ...

     

  • Macadamia

    -Macadamia n.m. 1962 latin scientifique du n. du chimiste John Macadam, par l'anglais. Arbre originaire d'Australie (protéacées) dont on consomme les noix (noix de macadamia) et l'huile qui en est extraite.

    -Tu ne trouves pas, Blanche, que Robert a parfois tendance à faire du remplissage ? Dire que le mot est passé par l'anglais : on se doute que ce John Macadam n'est pas italien. Et puis les noix de l'arbre macadamia s'appellent noix de macadamia : waouh le scoop !

    -En tous cas ce monsieur Macadam a des intérêts éclectiques, des Ponts et Chaussées aux Eaux et Forêts. Que dis-je éclectiques, limite antinomiques, non ?

    -Parce que tu crois que c'est le même, celui du béton-bitume et de l'arbre dans la ville ?

    -La macadam n'est ni béton ni bitume, Ariane. Robert dit c'est de la pierre concassée et du sable.

    -Mais il y a pas un liant genre bitume ?

    -Peut être …

    -Ouais moi je vois ça : pierre concassée plus sable, tout ça lié au bitume. Comme le nougat où t'as la pâte au miel et des amandes dedans. Tu crois qu'en Australie ils font du nougat à la noix de macadamia ?

    -C'est n'importe quoi ce que tu racontes, Ariane. D'abord pour en revenir à ta propre question, est-on sûr que les deux Mac Adam soient les mêmes ?

    -T'as raison, Blanche. Alors voyons macadam … c'est pratique c'est juste dessus.

    -Dessus quoi ?

    -Ben de macadamia.

    -On met du macadam sur les macadamias ??? Pour faire de l'engrais ?

    -Tu fais exprès, Blanche : macadam est le mot d'avant dans la page. Alors je reprends macadam 1826 de McAdam, n. de l'inventeur.

    -C'est le même, moi je dis, Ariane. D'un côté inventeur, de l'autre chimiste : ça colle.

    -Oui mais alors, vu qu'il a dû trouver son arbre à peu près à la période où il a fait son asphalte, enfin son machin, là, ça veut dire que macadamia a mis un bon siècle pour traverser le Channel. À côté les embouteillages post-brexit …

    -Tu oublies le temps pour venir d'Australie, à l'époque ils avaient pas l'avion.

    -Oui enfin, Blanche, même en bateau un siècle c'est déjà de la belle traversée. Oh et puis tu sais quoi, en fait on est en train de parler depuis un moment d'un truc dont je me fous complètement. Moi ce que je préfère c'est la noix de cajou.