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Blog - Page 93

  • Culpabilité

    « n°250 : Culpabilité.

    Quoique les juges de sorcières les plus pénétrants, et jusqu'aux sorcières elles-mêmes fussent convaincus de caractère coupable de la sorcellerie, il n'y avait cependant pas de culpabilité. Ainsi en va-t-il de toute culpabilité. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    La dernière phrase semble aller un peu vite en besogne. Les sorcières OK mais des gens vraiment coupables ça existe, non ? (dira à juste le titre le lecteur).

    Je suis d'accord, lecteur. Mais cette déclaration ambiguë s'éclaire peut être un peu dans les numéros suivants.

     

    « n°251 : Incompris dans leur souffrance.

    Les natures d'excellence souffrent autrement que leurs admirateurs ne se l'imaginent : ce dont elles souffrent le plus durement, ce sont les bouillonnements sans noblesse et mesquins de maints mauvais instants, bref, leur doute au sujet de leur propre excellence – mais non pas les sacrifices et les martyres que leur tâche exige d'eux. Tant que Prométhée a pitié des hommes et qu'il se sacrifie pour eux, il est heureux et grand en soi ; mais quand il devient envieux à l'égard de Zeus et des hommages que lui offrent les mortels, – alors il souffre ! »

     

    Ressentiment, jalousie, comparaison contre acquiescentia in se. Ambition, gloriole et vanité contre vraie noblesse.

    Telle est la ligne de partage que Nietzsche a discernée, analysée, hors de lui et en lui. Et devant cette frontière intime, il s'est efforcé de se situer dans le « bon » camp, de l'autre côté de l'envie et de la mesquinerie.

     

    « n°252 : Plutôt débiteur.

    ''Plutôt demeurer débiteur que payer d'une monnaie qui ne porte pas son effigie !'' – ainsi le veut notre souveraineté. »

     

    Après la noblesse, l'authenticité. Une éthique qui ne soit pas du toc. Payer de sa personne plutôt qu'en monnaie de singe.

    La notion de dette fait écho à celle de la culpabilité et du dévoiement de soi.

    Un rapprochement induit par la langue allemande, qui désigne du même mot (Schuld) les deux notions.

     

  • Alerte

    « n°247 : Habitude.

    Toute habitude rend notre main plus spirituelle et notre esprit moins alerte. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    C'est vrai, l'intelligence de la main est une chose extraordinaire, la manière dont elle enregistre les procédures d'un geste, et se rend capable de les restituer.

    Mais est-ce que cette aptitude rend l'esprit moins alerte ? Peut être que, confiant dans l'esprit de la main, l'esprit se sent capable de lui passer la main, de lâcher prise ? Alors, il n'est peut être pas moins alerte, mais moins en alerte ?

    Cependant si l'on pense à des cas remarquables d'intelligence de la main, comme le maniement d'outils dangereux, ou la chirurgie, ou le jeu d'un instrument de musique, je me dis que si l'esprit reste en alerte c'est quand même pas plus mal.

    Bon pour la musique, on ne risquera que quelques fausses notes c'est pas si grave (quoique), mais pour le reste, hein ?

     

  • Notre humaine relation aux choses

    « n°246 : Mathématiques.

    Nous voulons introduire la subtilité et la rigueur des mathématiques dans toutes les sciences, pour autant que cela est possible, non pas parce que nous croyons que nous connaîtrons les choses de cette manière, mais au contraire pour établir par là notre humaine relation aux choses. Les mathématiques ne sont que le moyen de la connaissance universelle et ultime de l'homme. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Troisième livre)

     

    En effet même dans l'objectivité apparemment maximale de certaines sciences, comme les mathématiques, il se fait toujours, aussi, un travail d'approfondissement subjectif (parfois conscient, parfois non).

    Et réciproquement : même dans les disciplines centrées sur la connaissance de l'homme, l'établissement de notre humaine relation aux choses a tout à gagner à s'inspirer de la subtilité et la rigueur mathématiques. Les sciences sociales le savent depuis leur origine.

    La philosophie depuis moins longtemps, qui a dû attendre Spinoza, Nietzsche, Marx, sinon pour le comprendre, du moins pour en tirer toutes les conséquences méthodologiques.