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Le blog d'Ariane Beth - Page 204

  • (4/21) En série

     

    Dans les termes balancés sans ménagement la dernière fois par Robert des Synonymes, on peut distinguer 5 séries.

     

    La série amorti fatigué hors service usagé usé aborde le point de vue physique, j'entends la science physique (ça marche aussi pour le corps oui forcément).

    L'intérêt de ce point de vue physique : il permet de poser que la vieillesse est un gain. Un gain ? Ben oui un gain d'entropie.

     

    La série antédiluvien archaïque antique gothique moyenâgeux rococo opte pour la chronologie historique.

    Sauf qu'on se demande ce que rococo vient faire dans cette galère.

    Et gothique dans cette nef.

    Moyenâgeux ne suffisait pas ? Soit, Robert des Synonymes a pour spécialité de broder sur un thème, mais dans ce cas pourquoi pas roman, mérovingien, carolingien, tant qu'il y était ?

    (J'ai souvent remarqué que Robert Petit brillait rarement par sa logique pure et dure. Mais alors entre nous le cousin des Synonymes …)

    (Dégénérescence du sang bleu ?)

     

    La série caduc démodé dépassé désuet obsolète révolu suranné fait du vieux quelqu'un qui, comme on dit, n'est plus de son temps.

    (Expression résolument absurde)

    (sauf peut être du point de vue quantique ?)

     

    La série décrépit vétuste vieillot sent son BTP, les travaux d'entretien urgents (avant de mettre la baraque en viager je suppose).

     

    La série arriéré sénile accuse les signes avant-coureurs d'Alzheimer.

     

    Reste obsolescent (c'est bien vous suivez).

    Qui d'abord m'évoque une poignante phrase de Montaigne

     

    « Mon monde est failli, ma forme est vidée ; je suis tout du passé ».

    (Essais, III,10 De ménager sa volonté)

     

    (Comme quoi même Montaigne ne fait pas dans la positivité non-stop, ça console)

     

    Ensuite je remarque qu'obsolescent rime avec adolescent.

    Une belle rime riche qui ne peut que nous inciter à creuser le rapprochement.

    Ce que nous ferons la prochaine fois.

     

  • (3/21) Gros mots

     

    Le sujet de la vieillesse nous impose plus qu'aucun autre une visite au dictionnaire. Pourquoi plus qu'aucun autre, dis-tu lecteur-trice ?

    Réponse : l'âge moyen dans l'institution en charge du dico, j'ai nommé la vénérable Académie Française.

     

    Pour changer un peu, j'ai rendu visite à Robert des Synonymes, cousin aristo de Robert Petit, croyant naïvement que ce serait divertissant.

    Car j'apprécie en général sa conversation, truffée de coqs à l'âne et d'originalités fort piquantes. Mais là je ne suis pas sûre d'avoir été bien inspirée.

    Car figure-toi qu'il est allé nous coincer vieux entre vierge et vif, vive. Je suis pas parano, mais quand même ... Bref si l'on comptait sur lui pour apporter un peu de positivité, c'est mort. Bon tant pis maintenant qu'on y est.

     

    Il donne un premier sens politically correct (lui il dit neutre) : âgé et ancien.

     

    Un deuxième sens est qualifié de non favorable. (On le voyait venir)

    Et là il nous le sert avec bien trop de verve.

    Amorti, antédiluvien, antique, archaïque, arriéré, caduc, décrépit, démodé, dépassé, désuet, fatigué, gothique, hors service, moyenâgeux, obsolescent, obsolète, révolu, rococo, sénile, suranné, usagé, usé, vétuste, vieillot.

     

    N'en jetez plus, hein ?

    Bon allez, haut les cœurs. Première chose classer logiquement ce fatras.

    Mais la prochaine fois : à mon âge faut que je me ménage.

     

  • (2/21) Contemporain

     

    Être vieux c'est avoir tous les âges (dit V. Hugo cf la dernière fois).

    C'est d'abord, au sens le plus évident, avoir tous les âges que l'on a eus dans sa vie.

     

    Être vieux c'est être le propriétaire (souvent en co-propriété) d'une collection de moments vécus, de souvenirs inscrits en soi au fil du temps.

    Être vieux c'est être l'héritier d'une galerie de portraits et d'autoportraits, le mécène obligé des créations plus ou moins réussies d'une vie.

    Être vieux c'est être une terre sédimentée, un paysage façonné au gré d'apports et d'érosions diverses.

    Être vieux c'est être un parchemin multi-palimpseste.

     

    Conséquence de cette inclusion d'une multiplicité de vies en une : l'aptitude, dans le rapport avec les autres, à pour ainsi dire se situer de plain-pied avec chacun à son âge.

    Les expériences et souvenirs de chaque vieux lui constituent un stock d'éléments utiles pour comprendre et ressentir intérêts, enjeux, joies et peines, atouts et fragilités, de ses contemporains des autres âges.

     

    C'est ainsi en tous cas que j'interprète la phrase de Victor Hugo. Du moins à la mesure qui m'est accessible, la mesure de tout un chacun.

    Mais dans son cas, il y a plus : son génie a su entrer de plain-pied dans le long temps de l'histoire humaine, pour en écrire sa relecture, sa légende des siècles.