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Blog - Page 112

  • Des tentatives et des questions

    « n°41 : Contre le repentir.

    Le penseur voit dans ses propres actes des tentatives et des questions visant à obtenir des éclaircissements sur un sujet quel qu'il soit : le succès ou l'échec sont en premier lieu pour lui des réponses.

    Mais se mettre en colère ou éprouver du repentir du fait que quelque chose rate – c'est là une attitude qu'il abandonne à ceux qui agissent parce qu'on leur en donne l'ordre, et qui doivent s'attendre au retour de bâton si le gracieux maître n'est pas satisfait du résultat. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Il y a des jours Nietzsche est vraiment spinoziste, je trouve. Bel éloge ici de l'autonomie de celui qui se confie en vérité à la raison, et échappe ainsi aux passions tristes.

    Le penseur voit dans ses propres actes des tentatives et des questions : autrement dit une progression d'essai en essai. Après Spinoza, il y a aussi du Montaigne là-dessous.

     

  • En fonction de leur croyance

    « n°44 : Les motifs auxquels on croit.

    Si important que puisse être de connaître les motifs d'après lesquels l'humanité a agi jusqu'à présent : peut être la croyance à tel ou tel motif, donc à ce en quoi l'humanité elle-même a voulu voir et a imaginé à tort jusqu'à présent les véritables ressorts de son agir, est-elle une chose encore plus essentielle pour l'homme de connaissance.

    Les hommes ont en effet reçu en partage leur bonheur et leur misère intérieurs en fonction de leur croyance à tel ou tel motif – et non pas de ce qui était réellement motif ! L'intérêt de ce dernier n'est jamais que de second ordre. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Ce prolongement sur la question de la performativité de la croyance (cf note précédente) vient préciser un point capital. Quel que soit son contenu, Nietzsche y voit une illusion, une mauvaise foi* (a imaginé à tort), un paravent idéologique, qui cache la nudité (possiblement dérangeante) de la réalité des motivations.

    C'est à écarter ce paravent qu'il s'est employé, comme l'ont fait aussi, chacun dans son domaine, d'autres hommes de connaissance, en particulier Marx et Freud.

     

    *Que l'on peut entendre au sens existentialiste, comme dans la fameuse description du garçon de café qui se prend pour un garçon de café. (J.P. Sartre L'Etre et le Néant)

     

     

  • Par erreur

    « n°37 : Trois fois par erreur.

    On a, ces derniers siècles, favorisé le développement de la science en partie parce que l'on espérait avec elle et grâce à elle comprendre le mieux possible la bonté et la sagesse de Dieu – motif fondamental de l'âme des grand Anglais (comme Newton) –,

    en partie parce que l'on croyait à l'utilité absolue de la connaissance, notamment à la liaison la plus intime de la morale, du savoir et du bonheur – motif fondamental de l'âme des grands Français (comme Voltaire) –,

    en partie parce que l'on pensait posséder et aimer dans la science quelque chose de désintéressé, d'inoffensif, d'autosuffisant, de vraiment innocent, d'où seraient totalement exclues les pulsions mauvaises de l'homme – motif fondamental de l'âme de Spinoza, qui, en tant qu'homme de connaissance, se sentait divin :

    – trois fois par erreur, donc. »

    (Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir Premier livre)

     

    Pensée bien désabusée … Pourtant, quelles que soient leurs motivations, les croyances qu'il mentionne ont bel et bien été un canal de progrès. Non seulement dans le domaine de la science, mais aussi dans celui de la politique, des sociétés.

    Du coup ces réflexions attirent l'attention sur la valeur performative des croyances. Qui est bien sûr à double tranchant. Si la foi de Newton en un Dieu bon, celle de Voltaire dans la raison, celle de Spinoza dans la connivence entre nature et raison humaine, ont eu des effets positifs, c'est qu'elles étaient elles-mêmes des croyances positives. Ce qui, justes ou pas, peut justifier leur énonciation.

    On peut en revanche rejoindre l'appréhension de Nietzsche : la performativité d'une croyance négative est aussi forte, si ce n'est davantage. Et elle peut faire des ravages, réduire en peu de temps les si fragiles acquis du développement de la science, de la rationalité.

    Je pense inutile de donner des exemples …