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Blog - Page 301

  • Ps 127 (1/5) Cet homme c'est toi

    Salomon est nommé dans l'incipit, ce qui m'amène à rappeler l'histoire de sa naissance, pour me demander quel type d'héritage constitue ce fils-là (cf v.3 du psaume).

    Tout commence par le coup de foudre de David pour Bethsabée. David est déjà marié, Bethsabée aussi, à Uri le Hittite, allié du royaume. Mais David, dans son cynisme d'homme de pouvoir, n'hésite pas longtemps pour faire selon son bon plaisir.

    Il se débrouille pour que le mari gênant soit tué à la guerre, puis épouse Bethsabée. Et avec la bénédiction de YHWH en prime, il n'en doute pas : la preuve ils ont un fils.

    C'est alors (2° livre de Samuel chap12) qu'entre en scène un empêcheur de tourner en rond, un grain de sable, bref le prophète Nathan.

    « David, je vais te raconter l'histoire d'un mec. C'est un grand, un riche, il a entre autres un énorme cheptel de brebis. Un jour il voit une autre brebis et il la veut en plus de tout le reste. Or la brebis appartient à un pauvre homme qui pour sa part n'a qu'elle. Mais le riche fait quand même tuer le pauvre pour lui prendre la brebis. »

    Dis-moi Majesté, enchaîne Nathan, que penses-tu de cet homme ?

    Et David de répondre ce mec est un salaud, il mérite la mort. Alors Nathan cet homme c'est toi. Tu percutes le problème ? YHWH t'a choisi, fait vaincre Goliath, donné le royaume à la mort de Saül, et tout ça pour en arriver là : décevant, non ?

    David l'admet. Mais il ne va pas s'en tirer à si bon compte. Nathan lui prédit la mort du fils qu'il a eu avec Bethsabée. Efficacité de la parole prophétique : l'enfant tombe malade. David arrête de manger, de se laver, de se raser, passe son temps en prière, implorant le pardon de YHWH : j'ai eu tort, mais ne te venge pas sur l'enfant.

    Peine perdue, l'enfant meurt.

    David se lève de terre. Il se baigne, se parfume et change de tunique. Il va se prosterner dans la maison de YHWH.

    Puis rentre chez lui et se fait servir un bon repas, ce qui choque les serviteurs (qui pourtant en voyaient des vertes et des pas mûres). Pour que l'enfant vive, tu jeûnais et tu pleurais, et maintenant qu'il est mort, tu manges !

    David dit : oui, quand l'enfant était vivant, j'ai jeûné et pleuré en me disant qui sait, YHWH me graciera et l'enfant vivra. Maintenant il est mort, pourquoi jeûnerais-je ?

    Puis (charmant euphémisme) David console Bethsabée.

     

     

     

     

  • Le chandelier dans les montées

     

    L'ensemble constitué par les quatorze psaumes des montées s'organise selon une structure simple et ample. Elle dessine l'image d'un grand arbre, ou d'un grand chandelier, ou encore d'un groupe de corps levant sept paires de bras.

    Autour d'un axe de symétrie, les poèmes s'y répondent deux à deux, par des convergences thématiques, des parallèles ou des antithèses, par le retour d'éléments métaphoriques.

    L'axe de symétrie se trouve au psaume 127, cime de l'arbre ou du chandelier.

    Autour de lui s'ouvrent les pages du livre comme un éventail, le psaume 128 faisant écho au 126, le 129 au 125, et ainsi de suite.

    L'horizontale la plus large, éventail totalement déployé, fait passer du monde déchiré criant vers la paix (ps 120) aux veilleurs de YHWH réunis dans la paix de Sion (ps 134).

    Au moment où l'éventail se referme sur le psaume 127, sont mis en regard, dans des métaphores pareillement agricoles, les moissonneurs en liesse du retour d'exil (ps 126) avec le juste en paix dans la fécondité de sa maison, dont la femme est une vigne et les fils des oliviers (ps 128).

     

    Compte tenu de sa position de pivot, il n'y a pas à hésiter : c'est au psaume 127 que le livre nous invite à nous intéresser maintenant.

     

    1 Poème des montées à Salomon. Si YHWH ne bâtit la maison, en vain peinent ses bâtisseurs ; si YHWH ne garde la ville, en vain veille le gardien.

    2 En vain avancez-vous votre lever, retardez-vous votre repos, mangez-vous le pain des idoles. Oui, Il donne à son bien-aimé le sommeil.

    3 Voici, l'héritage de YHWH sont les fils, la récompense, le fruit du ventre.

    4 Comme des flèches dans la main du preux, tels sont les fils de la jeunesse.

    5 Heureux l'homme fort qui en a empli son carquois. Ils n'ont pas honte quand ils parlent avec les ennemis à la porte.

     

     

     

     

  • Ps 121 (3/3) Et c'est l'humain

    Il est ton ombre à ta main droite (v.5). Ombre ou ombrage, qui matérialise la présence en tant que protectrice. Une idée souvent reprise dans les psaumes, moyennant diverses métaphores : le bouclier qui pare les coups de l'ennemi, la mère oiseau qui abrite ses oisillons sous son aile, la grotte où se cacher.

    Quel que soit ici le propos du poète, pour ma part cette ombre me renvoie donc à l'histoire de Caïn et Abel, je le disais la dernière fois.

    Le nom Abel est le mot du texte célèbre de l'Ecclésiaste traduit par vanité. Il signifie fumée, vapeur, nébulosité. Le mot ombre ici n'a pas la même racine, c'est vrai. Mais les connotations imaginaires sont proches à mon sens.

    Et surtout il y a ce fameux dialogue. Où est ton frère ? dit YHWH à Caïn après le meurtre. Suis-je le gardien de mon frère ? (Genèse 4, v.9)

    Le gardien-ombre, je le mets en regard de l'Abel-fumée dont Caïn nie être le gardien. Caïn élimine le frère supposé lui faire de l'ombre, un autre-obstacle l'empêchant d'accéder à l'amour du dieu. C'est ici à l'inverse par son ombre protectrice que l'autre se manifeste, se faisant gardien.

    On se souvient du signe que YHWH met sur Caïn pour empêcher qu'on le tue après son crime (Gen 4,15), pour enrayer donc la réaction en chaîne de violence dans l'humanité (c'était bien essayé, hein?)

    Genèse 4 et ce psaume donnent ainsi la même réponse à la question de Caïn. Suis-je le gardien de mon frère ? Moi en tous cas Je Suis le tien.

    (Et après à toi de voir ce que tu fais).

     

    Gardien, mais comment, au fait ? Il te garde quand tu sors et quand tu entres.

    Entrer sortir de quel lieu ? Dans le contexte liturgique du psaume, d'abord celui de la célébration (temple ou autre).

    Mais on peut élargir aux lieux de la vie quotidienne, privés ou publics.

    À ceux de l'espace naturel, forêt, défilé, cours d'eau. Chacune des entrées-sorties portant des charges d'affect (joie, risque, fatigue).

    On peut encore entendre l'entrer-sortir comme référé à l'histoire d'Israël, aux épisodes d'exil et retour d'exil.

    On peut l'entendre, enfin, de manière radicalement existentielle. Le veilleur veille à toi quand tu sors du ventre de ta mère pour entrer dans le vivre avec les autres humains. Et inversement quand tu sors de la vie et entres dans le sein de la terre. (Pour l'éventuelle entrée au-delà, rappelons que la croyance en quelque chose après la mort est peu présente dans le judaïsme).

    Alors cette alternance entrer/sortir rejoint concrètement celle du souffle de l'humain qui inspire et expire.

    Le gardien est présence à ce souffle, il est dans ce souffle.

    Et voici à nouveau la Genèse. YHWH Elohim forme l'adam de la poussière de la terre. Il insuffle en ses narines une haleine de vie : et c'est l'humain, un être vivant (Gen 2, 7).