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Blog - Page 414

  • De bon foie

     

    Dilemme n°2 : Fromage ou dessert ?

    Que vient faire cette question bête quand tant de graves et d'essentielles nous assaillent en ce moment ? Ah lecteur, si je pouvais apporter des réponses ! Mais voilà. Alors je continue, contre le poison du sentiment d'impuissance, contre la laideur de la méchanceté, contre la pesanteur de la connerie, à user de mon antidote personnel, la légèreté. Tel est mon conatus (dirait Spinoza), ma façon de tenir bon dans l'appétit de vivre. Fromage ou dessert, donc.

    D'accord je ne suis pas allée le chercher trop loin celui-là, dans le genre valeur sûre au pays de la gastronomie. Mais fût-ce pour proposer un sujet de dilemme, pourquoi se casser la tête ?

    Oui mais légèreté ? Ni fromage ni dessert ne sont légers de fait. S'ils le sont, c'est qu'ils sont allégés. Exemple le fromage allégé, plâtreux et sans subtilité. En effet le gras me suis-je laissé dire permet aux saveurs de s'exprimer. Un peu comme les harmoniques donnent au son sa profondeur. Me suis-je laissé dire dis-je : j'avoue peu pratiquer le gras pour ma part. Faiblesse de foie sans doute, en tout cas il figure en place honorable dans la liste de mes phobies.

    Mais je ne pratique pas davantage l'allégé. Contestable sur d'autres plans que celui du goût, vous le savez en consommateurs avertis que vous êtes. Exemple j'ai toujours trouvé aux yaourts 0% un goût et une consistance déplaisants. Or mes papilles n'erraient pas trop sur ce coup-là car les laitages à 0% sont rendus (prétendument) moelleux par adjonction de gélatine de porc. Beurk beurk.

    L'édulcorant n'est pas un must gastronomique non plus. Goût exagéré, indécent, exhibé, non exactement de sucre, mais de sucré. Re beurk beurk. Voilà qui révèle un certain mépris pour les gens qui aiment le sucre.

    Un peu comme si à ceux qui goûtent la littérature romantique & sentimentale on déconseillait par exemple La Nouvelle Héloïse en proposant à la place ces machins saturés de mièvreries qui encombrent les librairies.

    Le sucre m'écoeure autant que le gras, et je trouve La Nouvelle Héloïse indigeste (lisons plutôt les Confessions sans modération, voire Du Contrat social si on est porté sur les régimes). Mais je m'en abstiens, c'est tout. Car n'allez pas croire que je sois payée par le lobby du sucre pour taper sur les édulcorants. Si vous craignez (à juste titre) les dégâts du sucre sur votre ligne et/ou votre santé, le plus simple est encore de ne pas ou peu sucrer, non ?

    Dieu me déguste ce blog mène à tout. J'ai l'impression d'avoir écrit une plaquette de prévention de l'obésité pour le Ministère de la Santé. Au service duquel (et contre les multinationales de l'agroalimentaire par la même occasion) je signale à qui de droit que je ne rechignerais pas à mettre ma plume. Marisol si tu me lis.

    Une plume que, si on me le demandait gentiment, j'offrirais également aux ministères de l'Educnat et de la Culture, dans le cadre d'un Plan de Prévention des Risques Majeurs de Connerie & Méchanceté Induite.

    Pour ma part je me sais atteignable aussi par le virus, mais je me soigne.

     

  • "Mais cela nous l'avons réfuté"

     

    « Le vulgaire, par puissance de Dieu, entend la libre volonté de Dieu et son droit sur tout ce qui est, qui par là se trouve communément considéré comme contingent. Car Dieu a le pouvoir de tout détruire, dit-on, et de tout renvoyer au néant.

    En outre, on compare très souvent la puissance de Dieu à la puissance des Rois, mais cela nous l'avons réfuté (…) nous avons montré que la puissance de Dieu n'est rien d'autre que l'essence agissante de Dieu.

    Cette puissance dont le vulgaire affuble Dieu, non seulement est humaine (ce qui montre que le vulgaire conçoit Dieu comme un homme, ou à l'instar d'un homme), mais aussi enveloppe impuissance. » (Éthique II scolie prop 3).

    Les scolies sont souvent les passages les plus clairs et nets de l'Éthique, les plus drôles aussi. Là où Spinoza ne nous l'envoie pas dire, sur un petit ton ironique et agacé. Vous devez comprendre, c'est évident vous avez suivi le raisonnement non ? Mais bon au cas où, je vais quand même mettre les points sur les i. Et s'il se retient d'ajouter bande de nazes, c'est qu'il est assez honnête pour s'appliquer à lui-même son conseil de fuir les affects négatifs.

    Spontanément donc le sens commun (ainsi faut-il en fait entendre le vulgaire) ne sait concevoir la puissance que comme prise de pouvoir, en particulier de l'homme sur l'homme (qui par là se trouve considéré comme contingent), comme aliénation et exploitation, jusqu'à la destruction éventuellement.

    Eh bien dit Spinoza, cela signe l'incapacité de faire corps avec la véritable puissance, la seule qui vaille, qu'il nomme l'essence agissante de Dieu. La puissance-même dit-il, pour dire il n'en est pas d'autre. Disons l'énergie potentielle et actuelle de la vie, toute-la-vie-rien-que-la-vie. (Spinoza s'inscrit radicalement en faux contre l'illusion d'une transcendance).

    Les autres choses dites puissances sont contrefaçons, fantasmes, fétiches. On aura beau les affubler de tous les déguisements, on aura beau faire en leur nom quantité de victimes, on ne pourra empêcher qu'elles « enveloppent impuissance. »

    « Dieu a le pouvoir de tout détruire, dit-on » : génie spinoziste de la lucidité. Dévoilement comme en passant du point nodal de l'aveuglement humain : la projection de notre pulsion de mort dans le concept de divin.

    La violence, qui est summum de l'impuissance humaine, car elle est défaite de la vie, se trouve, par une scandaleuse absurdité, sacralisée, absolutisée.

    Et alors, à partir d'elle et de « Lui », toute méchanceté devient autorisée et même prescriptible, sous le prétexte mensonger de la supprimer (que le mensonge soit conscient ou pas, quels que soient ses alibis politico-mafieux).

    Car le mot fameux de Voltaire « Tu nous as faits à ton image mais nous te l'avons bien rendu », déjà décapant de lucidité, doit encore se compléter d'une formulation symétrique qui révèle la partie complémentaire de la vérité, sa face cachée :

    « Nous t'avons fait à l'image de l'inhumain en nous, pour nous justifier de l'incapacité à nous faire humains ».

     

  • Cercle vicieux

    Synthèse : Et si les cons étaient cons parce qu'ils sont méchants (en se payant le luxe de l'ignorer puisqu'ils sont cons) ? Et si les méchants étaient méchants parce qu'ils sont cons (mais eux ils sont assez méchants pour le savoir et forcément ça leur met les boules et ils ont envie de se venger de leur connerie sur les autres) ?

    Je trouve que ça tient la route. C'est peut être un peu long et alambiqué, mais c'est ça les synthèses demandez à François H. Je dis cela en toute amitié, franchement François je l'aime bien, il n'est pas con et méchant le minimum, ce qui est rarissime dans sa partie où ça grouille de cumulards. Certes il pourrait mieux faire, mais au moins il essaie de faire, ce qui est rarissime dans sa partie où ça grouille de passifs agressifs. Bref. Je préfère briser là ce discours (faudrait pouvoir faire de même avec tous ceux qu'on va se taper pour les régionales).

    Mais je vois pas pourquoi je m'énerve toute seule. C'est pas comme ça que je ferai avancer le schmilblic. (Oui je sais cette expression est de celle qui peuvent donner l'âge d'un locuteur aussi sûrement que le carbone 14 celle d'un vieux bout d'os. Je vous parle d'un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître.)

    - Ach vous remarquez que je ne dis rien et reste dans un silence plein de neutralité bienveillante.

    - Oui oui restez-y pour le moment si j'ai besoin de vous je suis assez grande pour vous sonner …

    - Ach assez grande ça vous fait penser à

    - Sigmund, si vous m'énervez trop je peux vous balancer une citation d'Onfray vous savez.

    - Wer ? …

     

    En fait si, je sais pourquoi je m'énerve sur les élections, les cons politiques médiatiques etc. « Il est impossible de traiter de bonne foi avec un sot. Mon jugement ne se corrompt pas seulement à la main d'un maître si impétueux, mais aussi ma conscience. » (Essais III,8 De l'art de conférer)

    (Ah Montaigne, s'il n'existait pas faudrait vraiment l'inventer, hein ?)

    Le vrai problème avec les vrais cons c'est qu'ils ont vite fait de vous rendre méchants, de vous corrompre la conscience. Car la connerie, précisons avec Montaigne, n'est pas l'ignorance ou l'erreur, mais les fautes morales qu'elles deviennent si on refuse le débat et le questionnement. Seul perseverare est diabolicum c'est connu. Et les vrais cons sont les cons persistants.

    Quant au vrai problème avec les méchants, c'est qu'en vous sidérant de terreur, ils vous inhibent vite fait votre aptitude à la rationalité et à la pensée, bref ils vous rendent cons. Con méchant con, un cercle vicieux bien pervers.