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Blog - Page 73

  • Cruciverbiste (15) Souffle et inspiration

    Se rappelait au souvenir de Proust. Solution : asthme.

    Du côté des fleurs, outre les jeunes filles, il est possible que Proust mentionne la lavande quelque part, mais on se souvient avant tout du petit cabinet qui sentait l'iris où le jeune Marcel explorait en solo sa sexualité naissante …

    Quant à l'asthme, ce n'est vraiment pas drôle comme maladie. Oui bon phrase idiote : comme s'il y avait des maladies drôles. La plupart des maladies, si elles nous font tordre, ce n'est pas de rire …

    Ma première rencontre avec l'asthme est fort lointaine, mais je m'en souviens encore, tant j'avais été effarée. J'étais allée chez une camarade de classe lui apporter les leçons et les devoirs de la semaine d'école qu'elle venait de rater, pour cause d'asthme précisément. Une fois la revue des cahiers accomplie, nous nous sommes mises à jouer. Un jeu calme, adapté à son état (c'était une partie de dominos il me semble).

    Mais tout à coup, prise d'une violente quinte de toux, elle s'est mise à suffoquer, c'était effrayant, j'avais l'impression d'être devant quelqu'un qui se noie. Heureusement sa mère est accourue lui prodiguer le secours de Sainte Ventoline.

    Miracle immédiat, Viviane a repris son souffle et ses esprits, commentant juste l'épisode d'un C'est pénible quand même sur le ton neutre d'un simple constat.

    Cette sobriété, cette façon de ne pas faire d'histoires, m'a encore plus impressionnée que sa douleur je crois bien.

     

    Et maintenant pour rester dans l'irrespirable (indice) : lance l'eau du lac (8 lettres).

     

  • Cruciverbiste (14) Une odeur de lavande

    Fait un dîner d'affaires. Solution : mite.

    La mite m'évoque immanquablement les boules de naphtaline dont ma mère et ma grand-mère truffaient les lainages dans les armoires. On ne peut pas dire que l'odeur en soit agréable, mais s'il m'arrive de la sentir à nouveau aujourd'hui, elle fait venir plein d'images d'enfance. Et ça c'est agréable.

    Pour chasser les mites ou autres insectes, il y a aussi les plantes aromatiques, par exemple la lavande. La lavande qui embaume au mois de juillet les plateaux de ce qui s'appelait du temps de mon enfance les Basses-Alpes, département désormais rebaptisé, politically correct oblige, Alpes de Haute Provence (c'est vrai ça sonne mieux, c'est plus vendeur pour le touriste, comme Côtes d'Armor au lieu de Côtes du Nord).

    Mémé Jeanne, encore elle, y avait une maison. Un été que j'y passais des vacances, elle m'apprit à confectionner de petits objets à base de fins rubans tressés autour d'un bouquet de lavande. Des bouteilles, des paniers, qui remplaçaient avantageusement les boules de naphtaline.

    La technique était simple, tout en demandant pas mal de patience et de minutie (faut croire que je disposais en ce temps-là de ces inestimables qualités – sic transit ...).

    Alors je vous explique : on prend un bouquet de lavande ni trop gros ni trop maigre, on le retourne de façon à emprisonner les fleurs dans les tiges. Et puis ne reste plus qu'à entrelacer à ces tiges, un brin dessus, un brin dessous (patiemment et minutieusement donc), un petit ruban d'une couleur au choix (la mercière du village en présentait tout un arc-en-ciel).

    Mon conseil plus : il faut serrer suffisamment pour que l'objet soit solide, mais pas trop, sous peine d'empêcher la diffusion optimale de l'odeur.

    Cette odeur de lavande, apaisante et vivifiante tout à la fois, comme sont les plus beaux de nos souvenirs d'enfance.

     

    Et à propos d'enfance retrouvée : se rappelait au souvenir de Proust (6 lettres).

     

  • Cruciverbiste (13) Le sens de la fête

    Figure de la restauration. Solution : traiteur.

    La lectrice dans sa subtilité, le lecteur dans sa pertinence, n'auront pas manqué de repérer l'astuce de l'absence de majuscule. La restauration, pas la Restauration.

    Une astuce facile, ce jeu sur majuscule/minuscule, dont les verbicrucistes usent et abusent, et à laquelle il m'arrive de me laisser prendre. Les cruciverbistes aussi sont parfois sujets à la fatigue ou à l'inattention.

    Ici l'astuce est à double détente : Restauration et restauration se combinent dans l'épisode historique bien connu de la campagne des banquets.

    Guizot, ministre de Louis-Philippe, ayant interdit les réunions publiques, ses opposants, décidés à obtenir pour commencer la modification du mode de scrutin (qui favorisait les notables) (étonnant, non ?), et de là le changement de régime et l'instauration de la république, trouvèrent une parade joignant l'utile à l'agréable.

    Durant l'année 1847 se multiplièrent alors, partout sur le territoire, des repas-débats où s'affûtaient les argumentaires et se comptaient les troupes. Le Guizot comprit vite le truc, et étendit l'interdiction des réunions aux banquets. Ce qui eut pour effet de faire monter la pression dans la cocotte-minute.

    L'interdiction de trop, en février 1848, déboucha sur l'explosion révolutionnaire. Où nombre d'insurgés tombèrent par terre la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau la faute à Rousseau (comme certain gamin parisien à la révolution précédente).

     

    Le traiteur, revenons-y, contrairement au révolutionnaire ou au roi, n'est pas un personnage littéraire. J'ai beau chercher, à part le Ragueneau de Cyrano …

    En revanche on peut penser à deux beaux films, dans des genres différents : Le Festin de Babette et Le Sens de la fête* (tiens en plus ça rime). Bon OK Babette est en fait cuisinière, et Max plus largement organisateur d'événements, mais c'est l'idée.

    Plaisirs cinéphiles aussi délectables l'un que l'autre.

    Le menu du Festin fait dans le doux amer, la nostalgie, la douleur austère et sereine du renoncement, la sublimation des nourritures terrestres en nourritures spirituelles.

    Celui de la Fête propose la joie de vivre accommodée à l'onctuosité de la sauce poésie ou au piquant d'une sauce all'arrabbiata. En guise d'amuse-bouche, des éclats de rire tendre. Au total un menu plein d'acidité, mais jamais la moindre aigreur.

     

    *Le Festin de Babette (Gabriel Axel 1987) avec Stéphane Audran.

    Le Sens de la fête (Olivier Nacache Éric Toledano 2017) avec entre autres Benjamin Lavernhe, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Hélène Vincent, Eye Haïdara. Et puis, bien sûr, aussi drôle et émouvant que dans Le Goût des autres (Agnès Jaoui 2000) ou Comme une image (Jaoui 2004), l'inoubliable Jean-Pierre Bacri.

     

    Bon maintenant qu'on est en appétit : fait un dîner d'affaires (4 lettres).