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Blog - Page 77

  • Cruciverbiste (3) Tourisme éducatif

    Tombe à point nommé. Solution : ossuaire.

    Histoire de continuer dans cette thématique tellement sympa ... J'ai trouvé aussi ce mot défini par : bâtiment à charpentes.

    Pour moi il est associé à un ossuaire précis, celui de Douaumont. Quand j'étais enfant, mes grands parents m'ont plusieurs fois emmenée pendant les grandes vacances dans des périples touristiques à travers la France. Ils avaient une caravane et organisaient le tour en fonction des campings du GCU (groupement des campeurs universitaires ou un truc du genre) fréquenté par des enseignants, pour la plupart à la retraite. Ce qu'était ma grand mère, ancienne institutrice.

    L'ossuaire de Douaumont. Je devais avoir 8 ans.

    Je revois l'impressionnante silhouette se découper en haut d'un tertre, émergeant d'une forêt de croix, semblable à un reptile monstrueux. Entre le temps (ce jour-là il faisait gris et frisquet), le mot inconnu (dans lequel la conjonction d'os et de suaire faisait venir des images de squelettes ricanants et de fantômes), je n'en menais déjà pas large.

    C'est alors que ma grand mère, en bonne institutrice, commença à me faire un cours pour m'expliquer ce qu'était ce bâtiment. Ce qui on s'en doute ne fut pas de nature à me rasséréner.

    On peut se demander pourquoi une grand mère avait eu l'idée d'infliger une telle épreuve à sa petite-fille si jeune et qu'elle savait sensible. Était-elle sadique ?

    Pas du tout, Mémé Jeanne était une femme aimante qui enveloppa toute mon enfance et mon adolescence de sa tendresse. Son but était moral et éducatif : me faire prendre conscience de l'horreur et de l'absurdité de la guerre.

    Née en 1906, elle portait en elle, comme tous les enfants de sa génération, l'empreinte de 14-18 (sans compter la suivante, qu'ils eurent à vivre dans leurs responsabilités d'adultes - petits veinards hein). De fait, je le réalise en l'écrivant, elle m'emmena à Douaumont à peu près à l'âge qui était le sien en 14.

    Peut être bien était-ce en elle cette enfant-là qui, à des décennies de distance, parlait à une autre enfant.

    Enfin, pour se consoler de ces tristesses, après la visite, les deux petites filles sont allées à la pâtisserie partager un gâteau. Elles l'avaient bien mérité.

    Et maintenant attaquons-nous à la définition suivante : réfractaire au feu (9 lettres).

     

  • Cruciverbiste (2) Divertissement

    A des divisions avec des restes. Solution : perelachaise.

    Définition qui appelle plusieurs commentaires.

    Au plan technique d'abord : dans les grilles de Cruciverbiland, les majuscules n'existent pas, puisque noms propres et noms communs croisent sans distinction.

    Par exemple, dans la grille d'où je tire cet exemple, perelachaise croise avec persecute (défini par empoisonne sans relâche).

    Et puis les mots composés sont attachés (bon dans les grandes muettes – dans ma revue en tous cas – les verbicrucistes marquent parfois d'une barre le passage d'un mot à l'autre. C'est un peu tricher je trouve mais j'avoue ça aide bien).

    Cette définition présente aussi un intérêt historique : qui sait si le Père Sécute n'a pas été impliqué dans l'Affaire des Poisons ? (Mais rassurons-nous il aura obtenu son absolution auprès du Père Lachaise).

    Intérêt philosophique, enfin. Notre définition renvoie à deux contemporains sacrément éminents de ce bon vieux Père Lachaise, j'ai nommé Bossuet et Pascal.

    Le premier nous met sous les yeux notre riant avenir, notre aboutissement inéluctable, un jour ou l'autre, à ce qui n'a de nom en aucune langue.

    Le second nous propose un joker : dans ces conditions (ta condition humaine de roi sans divertissement) qu'as-tu à perdre à parier ?

    Même si tu perds, tu te seras toujours diverti à imaginer que lorsque ton corps serait au Père Lachaise, ton âme se verrait ouvrir la porte du paradis par le concierge du lieu, saintpierre en un mot et en 11 lettres.

     

    Et maintenant la suite (logique) (indice) : tombe à point nommé (8 lettres).

     

  • Cruciverbiste (1) Mots de passe

    Faire des mots croisés est l'une de mes activités favorites.

    Activité ? N'est-ce pas là plutôt occupation ringarde de mémère oisive ? Pas du tout. Activité, je maintiens.

    Il y a déjà le côté sportif. S'attaquer à une nouvelle grille c'est comme se placer au pied d'une paroi, d'un mur d'escalade : il va falloir déterminer un parcours, ajuster ses prises. Il y a aussi quelque chose du marathon. Selon la taille et la difficulté des grilles, il faut tenir la distance.

    Et pour ma part j'ai une prédilection pour les grandes muettes. Mais non je ne parle pas d'armées, mais de ces grilles où l'on doit soi-même placer les cases noires pour séparer les mots.

    C'est aussi un voyage, une randonnée, une exploration. Comme compulser un atlas, parcourir des yeux une mappemonde. Comme se balader dans les pages du dictionnaire, un mot renvoyant à l'autre dans un jeu de piste, un logorallye.

    Activité oui : en cruciverbant, on fait vraiment quelque chose, au sens où l'on aboutit à un résultat tangible, visible. Le vide des cases se comble, des mots se trouvent écrits.

    Tiens tout à coup je réalise que je remplis ma grille comme enfant je faisais mes devoirs. Un pensum alors ? Mais non : faire les devoirs j'aimais vraiment ça.

    Je passais d'un cahier et d'un livre à l'autre, avec un plaisir semblable à celui que j'éprouvais en découvrant mon jeu quand je commençais une partie de cartes. Chaque fois c'était à la fois du connu et de l'inconnu, des combinaisons se retrouvaient, d'autres étaient inédites. Il y avait des itinéraires balisés (tel exercice de math sur le modèle exact de celui qu'on avait fait en classe), d'autres à frayer.

    Et quand j'avais fini, je refermais livres et cahiers avec le sentiment réconfortant d'avoir gagné quelque chose, d'en savoir plus. Et même, je crois, d'en être plus.

    Quant à la ringardise supposée, pas du tout. La preuve mon petit-fils (neuf ans) m'a dit récemment : tu sais Mamie moi aussi j'aime les mots croisés. Nous avons illico fait un tour au kiosque à journaux pour trouver un livret adapté à son niveau. (Parce que bon devant mes grilles muettes il est quand même resté un peu perplexe).

    Cet intérêt lui vient-il de moi ? Je n'en serais pas peu fière, mais tant d'influences et de hasards concourent à former les goûts d'un enfant.

    En tous cas, je le revois, tout petit encore, attraper ma revue de mots croisés, tourner les pages dans l'effort visible de comprendre ce qui pouvait tellement m'y arrêter. Parfois, ayant saisi le crayon qui traînait à côté, il avait annoté d'un discret gribouillis. Et j'étais toute heureuse de le trouver en rouvrant la revue après son départ, comme un salut de sa petite main.

    Pour moi je sais d'où me vient l'addiction. D'aussi loin que je me souvienne, je revois mon père faire lui aussi des mots croisés. Sans doute s'est-il attaqué à ses premières grilles pour tromper l'ennui des longues traversées (il était dans la marine). En alternance avec les parties de cartes, les réussites, les puzzles. Jeux de cartes, puzzles : au nombre, là encore, de mes intérêts et de ceux de mon petit-fils. On fait les transmissions qu'on peut.

    Bref tout ça pour dire que je vais proposer au lecteur chaque fois une définition, dont je livrerai dans la note suivante la solution (assortie de commentaires et billevesées).

    Commençons (si l'on peut dire) (eh eh gros indice) avec celle-ci : a des divisions avec des restes (12 lettres).