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Le blog d'Ariane Beth - Page 271

  • Par principe

    Le néant pour le bouddhisme (à vrai dire pour l'Orient en général) ne comporte pas la signification quelque peu sinistre que nous lui attribuons. Il se confond avec une expérience-limite de la lumière, ou, si on veut, avec un état d'éternelle absence lumineuse, de vide rayonnant : c'est l'être qui a triomphé de toutes ses propriétés, ou plutôt un non-être suprêmement positif qui dispense un bonheur sans matière, sans substrat, sans aucun appui dans quelque monde que ce soit.

    Cioran (Aveux et anathèmes)

     

    Vous voulez que je vous dise, quand je lis ça je constate que décidément le bouddhisme n'est vraiment pas ma tasse de thé. J'hésite bien un peu à le confesser, je crains que ça manque de politicallycorrectitude. Mais à l'aveu comme à l'aveu.

    Je ne conteste pas la sincérité de l'expérience limite & mystique allusionnée ici par Cioran, mais j'avoue qu'en fait oui j'y vois un néant tout ce qu'il y a de sinistre.

    Un être qui a triomphé de toutes ses propriétés je n'arrive pas à le concevoir autrement que comme une abstraction procédant du mépris (dirais-je phobie ?) de la réalité.

    Abstraction dont il enfonce le clou avec sans matière sans substrat, tandis que sans aucun appui dans quelque monde que ce soit révèle l'aspect mortifère du refus du lien.

    Cioran est-il dupe de la ruse de la pulsion de mort, qui consiste à positiver le néant en le nommant paix, à déguiser un tropisme vers la dissolution (cf la contemplation du squelette note précédente) en appel de l'absolu ?

    Bien sûr que non : dupe et Cioran c'est une contradictio in terminis.

    On doit donc déduire de cette déclaration que le néant est pour lui le plus court chemin vers le bonheur.

    Il donne ainsi raison à Freud* qui définit le principe de plaisir comme la recherche d'un degré zéro, d'un état d'excitation nulle (encéphalogramme plat autant dire).

    Et le nomme d'ailleurs parfois principe de nirvâna. CQFD.

     

    *Qu'il anathème pourtant plus souvent qu'à son tour.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Aveux et anathèmes

    est le titre du dernier livre de Cioran (1987).

    Anathèmes c'est juste : dans ce bouquin ils ne manquent pas, bien pesés, méchamment balancés.

    Aveux, ça se discute un peu plus. Ceux qu'on y lit ne procèdent pas d'une sincérité disons naïve. Ils disent parfois autre chose que ce qu'ils croient dire. Mais c'est le lot commun des êtres parlants que nous sommes, surtout quand ils sont clairement névrosés (je pense qu'ici l'oxymore s'impose) (lucidement ou brillamment névrosé serait pas mal non plus).

    J'ai trouvé en ce livre une occasion de persévérer dans mon choix audacieux de la facilité (cf note du 1er mars).

    Dans Aveux et anathèmes « le Fragment est roi » dit son auteur. Le fragment : quoi de mieux pour écrire sans trop se casser une petite note de blog ? Facilité un jour facilité toujours. De plus je n'avais pas lu Cioran encore. Qui dit découverte dit divertissement.

    Le lecteur-trice dira oui mais quand même Cioran c'est pas la folle gaieté, ne nuit-ce pas à récréation & divertissement ?

    Détrompez-vous, voilà un homme qui sait s'amuser d'un rien.

    Paléontologue d'occasion, j'ai passé plusieurs mois à ruminer sur le squelette. Résultat : quelques pages à peine … Le sujet, il est vrai, n'invitait pas à la prolixité.

    Bienvenue chez Cioran.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Quand ça veut pas ...

    Je ne cherche pas je trouve (Picasso).

    J'ai beau chercher je ne trouve rien. Bon alors essayons : Depuis que je me suis fatigué de chercher, j'ai appris à trouver (Nietzsche. Tu avais trouvé, lecteur, je suppose). C'est donc que je ne serais pas encore assez fatiguée ?

    Oui mais alors mon choix de la facilité, j'en fais quoi ?

     

    Il n'y a pas de problèmes pratiques, il n'y a que des solutions esthétiques (Stanislavski).

    Pour qui sèche lamentablement devant le plus simple problème pratique, elle n'est pas triviale, la solution esthétique. Genre le robinet qui fuit : cuvette, entortillage de chiffons ? N'est pas Duchamp qui veut.

     

    On n'entend que les questions auxquelles on est en mesure de trouver une réponse (Nietzsche).

    C'est pas souvent, mais Nietzsche se goure.

    Quoique je sois incapable de trouver une réponse à quoi que ce soit (vraie et concrète je veux dire, bien sûr je sais yakafaukoniser comme tout le monde), j'entends toutes les questions comme si elles m'étaient personnellement adressées, je les prends en plein cœur et en pleine tête.

     

    Là où nous sommes, il n'y a pas de crainte urgente (Char).

    Je vais demander l'asile à l'endroit dont il parle. Parce que là où je suis, je suis empoignée par un sentiment d'urgence devant la première crainte qui se pointe.

     

    Qu'avons-nous en commun avec le bouton de rose qui tremble parce qu'une goutte de rosée lui pèse sur le corps ? (Nietzsche)

    La susceptibilité au froissage ? (froissement?)

     

    Je vous le dis : il faut encore porter du chaos en soi pour pouvoir donner naissance à une étoile qui danse (Nietzsche).

    Côté chaos OK on fait ce qu'on peut. Mais pour les étoiles ? Moins clair.

     

    La philosophie hindoue poursuit la délivrance ; la grecque, à l'exception de Pyrrhon, d'Épicure et de quelques inclassables, est décevante : elle ne cherche que la … vérité (Cioran).

    Ce qui console c'est qu'elle ne l'a pas trouvée. Et, encore plus consolant, Cioran non plus.

     

    L'idéal serait de pouvoir se répéter comme … Bach (Cioran).

    Oui. Mais voilà.