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Le blog d'Ariane Beth - Page 273

  • Paroles d'emballages

    « Tue 99,9% des bactéries ».

    La question est pourquoi épargner les 0,1% restants ?

    Souci écologique de biodiversité j'imagine, genre y a pas que les abeilles dans la vie. On préserve bien piranhas et requins (j'en sais rien mais j'en mettrais ma main à couper). Actuellement on extermine les moustiques tigres, mais on parie que bientôt se créera une ligue pour leur préservation ?

    Juste : les rats et les cafards, pas la peine de se faire du souci pour eux. Je sais pas à quel pourcentage de bactéries ils survivront, mais à l'espèce humaine c'est sûr.

     

    « Le fondant d'une tablette de chocolat associé au croustillant d'un biscuit au goût céréalier ».

    Fondant associé au croustillant, comment ne pas craquer ? Mais la cerise sur le gâteau c'est quand même goût céréalier, non ?

    Que de questions implicites : outre le goût céréalier y a-t-il un goût fruitier, légumier, légumineux ? Comment définir la nuance entre goût de céréales (ne dit-on pas plutôt goût céréales en publilangue ?) et goût céréalier ? Etc.

     

    « Étirable et résistant ».

    De même que fondantetcroustillant, cette association décline le paradigme-roi de la publicité : le beurre et l'argent du beurre. (Publicité qui surfe sur une aspiration logique au demeurant dans une société radicalement marchande).

    Ce qui amène à voir « étirable et résistant » comme une déclinaison du paradigme bien marchand lui aussi de « taillable et corvéable à merci ».

     

    « La marque du consommateur. Bon et responsable ».

    Qui est bon et responsable ?

    Le produit, le consommateur ? Produit bon et consommateur responsable ? L'inverse ?

    Oui mais en société marchande, le meilleur consommateur n'est-il pas le plus irresponsable ? Selon les cas gaspilleur ou lésineur, mais toujours indifférent aux implications écologiques ou sociales de son comportement.

     

    « Contribue à protéger les cellules contre le stress oxydatif ».

    Le stress sans me vanter j'en ai quelque expertise. Mais j'avoue n'avoir jamais songé à l'oxydatif. À mon grand dam.

    Encore une déclinaison, les latinistes l'auront noté : stress oxydatif, stress oxygénitif, oxyaccusatif, oxyablatif.

     

    « Ne contient que les sucres naturels des fruits comme tous les jus de fruits ».

    Oui mais alors pourquoi acheter celui-ci précisément ? Voilà une marque peu avisée qui a payé un publicitaire pour se faire tirer une balle dans le pied.

     

    « À consommer de préférence avant voir sur le côté ».

    Qu'y a-t-il donc de si effroyable, de si peu ragoûtant sur le côté, qui risque de nous couper l'appétit ?

     

  • Des goûts et des couleurs

    Couleur franche.

    L'expression peut noter deux caractères: l'intensité ou l'absence de mélange. Intensité d'une couleur vive, saturée, voire criarde. Netteté d'une couleur pure.

    Et quand la couleur n'est pas franche ? On la dira indécise, nuancée, douce, pastel, passée, délavée.

    On ne parle pas de couleur menteuse ou hypocrite. On pourrait.

    Ce bleu profond et lumineux en certains endroits de Méditerranée, quand on sait le degré de pollution …

     

    Couleurs primaires, secondaires.

    Le disque des couleurs que nous fabriquions en cours de dessin.

    Prisme, arc-en-ciel. La magie de voir sortir toutes les couleurs d'une lumière partout répandue mais transparente, impossible à qualifier (on la dit blanche parfois je crois). Elle est en fait l'invisible qui rend possible toute vision.

     

    Déclinaisons.

    Ardoise azur pervenche outremer

    Jade olive céladon émeraude

    Bordeaux rubis cerise feu sang

    Aubergine lilas parme prune

    Châtain noisette chocolat tabac terre de Sienne

    Beige chamois alpaga

    Souris acier fumée

    Orange saumon ocre

    Citron jonquille or paille safran moutarde

    Vanille ivoire

    Rose

     

    C'est la vie.

    Était-ce qu'il n'avait plus de pain blanc à manger, toujours est-il qu'il s'était mis à broyer du noir. Devenu angoissé chronique, il était sujet à toutes sortes de peurs de toutes nuances de bleu.

    De plus en plus souvent il voyait rouge, entrant pour d'anodins désagréments dans une colère noire. Il faisait grise mine à tous ceux qu'il rencontrait. Il usait d'une langue peu châtiée, au large camaïeu de verts, pour reprocher à ses interlocuteurs de lui en faire voir de toutes les couleurs. Cela provoquait un blanc dans la conversation.

    Un jour elle arriva. Alors, comme si elle avait hissé un drapeau blanc pour signifier une trêve à la tristesse et à la détresse, il sut qu'avec elle ce serait la vie en rose.

     

     

     

  • Playlist

    Jouer au bouchon.

    C'est plus fort que de jouer au bouchon, dit Séraphin Lampion. Ou Haddock ?

    C'est trop fort, mille sabords, plus fort que de jouer au bouchon. Tonnerre de Brest, moussaillon, vous perdez la boule !

    Comment joue-t-on au bouchon ? S'agit-il d'un vrai bouchon (auquel cas faut chercher du côté de soirées arrosées) (dans un bouchon lyonnais forcément).

    Ou bien est-ce métaphorique ? (oui mais de quoi un bouchon peut-il être métaphore ?) (de la bouchitude des gens qui captent jamais rien ?) (genre il est bouchon grave lui, il voit pas qu'on est juste dans la métaphore?)

    Robert (pour une fois eheh) n'en sait pas plus que moi. L'expression viendrait d'un ancien jeu, qu'il dit texto : sacré scoop. Franchement il ferait mieux de dire ben euh je sais pas. Y a pas de honte.

    Bon je suis mauvaise langue, il est clairement affirmatif sur un point : l'expression entre dans la nôtre (de langue) en 1828 (par contre il dit pas quel mois) (je penche pour juin : début de l'été, pêche au bord de la rivière, déjeuner sur l'herbe, apéro, bouchon, jouer au).

    Bref jouer au bouchon ? Une sorte de jeu de massacre, faire tomber le bouchon en tirant à la carabine ? Un jeu de bonneteau ?

    Les paris sont ouverts.

     

    Jouer au con.

    Là pas besoin d'explications, on sait tous faire. Y a juste un truc, parfois y en a vous croyez qu'ils jouent et en fait non. Ils sont con naturellement. Du coup si vous rigolez, ils vous prennent pour un con.

    Ce qui nous amène à l'expression connexe jouer au plus con. Et à la phrase qu'on a tous dite « Joue pas au plus con avec moi tu gagneras pas ».

     

    Jouer à qui perd gagne.

    C'est un jeu difficile pour lequel on n'est guère armé. On omet souvent de nous apprendre à perdre. Heureusement la vie s'en charge.

     

    Jouer du pipeau.

    Ça, au moins, c'est dans la plupart des cursus de formation.

     

    Jouer sur la corde sensible.

    Une façon courante de pratiquer le jeu précédent.

     

    Mais je ne veux pas finir sur une note cynique.

    Jouer sur la corde sensible m'évoque surtout une chose : le 2° mouvement du quatuor de Schubert La jeune fille et la mort.

    La puissance incantatoire de cette phrase lancinante, sa ferveur désespérée.