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Le blog d'Ariane Beth - Page 393

  • Zoé

     

    « Zoé : zoologie. Forme larvaire des crustacés décapodes qui succède au stade nauplius. » Dit Robert qui dit ce qu'il veut mais quand même. Ça calme, je trouve. (Et encore je vous épargne la définition de nauplius).

    En fait moi bêtement je m'étais dit, je vais terminer mon abécédaire spinoziste par ce mot, puisque zôê en grec veut dire vie. Quel mot mieux adapté à Spinoza ?

     

    Car Spinoza fut certes snobé par Frida Vanden Ende (cf WE à La Haye). Laquelle à son égard manqua scandaleusement de savoir-vivre, comme il m'est déjà arrivé de le laisser entendre il me semble.

    Mais, belle consolation, il fut l'objet d'une faveur extraordinaire de la part de la vie elle-même, la grande et belle Zoé, la seule l'unique.

    À lui elle se dévoila, à lui elle s'offrit sans retenue, lui donnant à contempler sa substance étendue comme sa substance pensante. Une révélation dont se saisit dans la joie son pénétrant esprit.

    Cette rencontre avec Zoé la rayonnante lui fut l'occasion de formuler quelques propositions honnêtes autant qu'éthiques, sans compter corollaires et scolies, géométriques OK mais néanmoins réjouissants au plus haut degré.

     Et puis, en compagnie de Zoé, il a trouvé la force de résister à tous les invivables qui ne manquèrent pas de croiser sa route.

    Pas mal de zombies de la superstition religieuse cherchant à le contaminer de leur stupide tristesse, à l'assigner à leur nuit de morts-vivants.

    Nombre de zoïles, distingués ou pas, l'accablant de toutes sortes de pinaillages made in conformisme.

    Zoïles ? « Critique injuste et envieux (du nom de Zôilos, détracteur d'Homère). »

    Comme quoi je ne serai pas allée pour rien à la page Z de Robert, ni vous venus pour rien sur la page de ce blog. Nous aurons appris au moins un mot aujourd'hui.

    Quoi vous le connaissiez déjà ? Oh ben zut alors !

     

    Ah oui y a aussi ça : "zutiste : membre d'un cercle de poètes qui disaient 'zut' à tout, présidé par Charles Cros".

    Cependant, malgré toutes les raisons qu'il aurait eues pour cela, Spinoza ne s'adonna jamais au zutisme. (Comme quoi pour lui l'éthique n'était pas que des mots).

    Et tenez-vous bien.

    "Remarque : on applique le mot à un cercle antérieur auquel participaient Verlaine, Rimbaud ... "

    Rimbaud ! Quoi ? Comme on se retrouve ! ...

     

     

     

  • Yass

    « Jeu de cartes d'origine hollandaise qui se joue avec 36 cartes entre 2, 3, 4 joueurs ou plus. » (dixit Petit Robert )

    Le rapport avec Spinoza ? L'origine hollandaise du jeu. Ça ne vous suffit pas ? Vous trouvez que c'est un peu léger ?

     

    1) Trouver un mot en Y n'est jamais de la tarte quel que soit l'abécédaire. Mais alors sur Spinoza je voudrais vous y voir. D'autant plus qu'avant, l'abécédaire vous a obligée à en passer par W et X. Deux lettres pour lesquelles, Dieu m'alphabétise, j'ai assuré grave, non ? J'ai donc droit à présent à mon quota d'àpeuprésisme.

    2) À propos de tarte, le côté léger après tout n'est pas si mal venu. Vu que la plupart des choses que j'ai écrites dans cet abécédaire, sans aller jusqu'au bourratif, demandent peut être malgré tout un certain effort de mastication et de digestion. (cf Ubuesque)

     

    Bien sûr, me direz-vous, je pouvais trouver l'allègement grâce à d'autres mots en Y. Donc pourquoi celui-ci précisément ? Bon je vois que lire Spinoza ou Freud stimule au mieux votre aptitude au questionnement, ce qui est l'intérêt et principal foi d'animal. Qu'à cela ne tienne, je m'en explique.

    Yaourt ne m'a pas paru approprié, risquant d'induire quelque allusion plus ou moins désinvolte à la clarté conceptuelle désirée par Spinoza.

    Yiddish ne convenait pas davantage, puisque Spinoza en tant que séfarade ne le parlait pas.

    Yeuse fut repoussé parce qu'en Hollandie y en beaucoup moins que de tulipes et de moulins (à paroles ou pas), yéti récusé par crainte de débats oiseux sur le caractère exact de l'humanitude.

    Et yuppie éliminé parce que remettre de l'ordre dans la finance mondiale est une tâche urgente s'il en est. (Si on était à P j'eusse éjecté pareillement Panama, voire Paradis, ça va de soi).

     

    Bref donc restait yass. À présent qu'en dire ?

    Spinoza n'y joua pas. Il préférait le whist ainsi que Colera nous l'a appris.

    J'ignore absolument comment on y joue. Cependant si l'on se fie au vocable qui le désigne, sonnant comme un coup de fouet, je ne l'imagine pas faciliter l'attitude coopérative entre joueurs.

    Vous me direz c'est rarement le cas dans les jeux de cartes, et les jeux en général. Et vous ajouterez peut être que l'attitude non-coopérative déborde parfois assez largement sur d'autres activités humaines que le jeu.

    Voilà que finalement ce mot en Y, choisi comme ça un peu au pif dans la page de Robert, se révèle sous cet angle clairement raccord avec le mot en X qui le précède.

    Nous en conclurons que le hasard n'existe pas. Et que consécutivement, Spinoza, dans son obsession de la nécessité, ne raconte pas que des billevesées (CQFD). Même si on ne peut en dire autant de sa blogueuse lectrice.

     

  • Xénophobie

     

    La xénophobie n'est pas ce qu'on croit. Pas la peur haineuse de l'étranger qu'énonce au premier abord son étymologie.

    Peur haineuse, certainement, mais de l'étranger il faut y regarder de plus près.

    - Ach Ich conseille d'y regarder mit mein Konzept von « Unheimlich ».

    - Mais votre Konzept, Sigmund, il prend les choses dans l'autre sens, non ? Le familier qui se fait étrange ...

    - Ja ja, aber du coup forcément ça marche dans les deux sens, es gibt eine Reversibilität, vous le sehen bien quand même ?

    - Ce qui peut inquiéter dans l'étranger ne serait pas qu'il soit radicalement autre, mais qu'au contraire il soit assez proche du heimlich, du familier, pour s'y insérer, mais avec une sorte de fêlure, de dissonance ?

    - Richtig ! Et c'est ce qui amène le Mekanismus du narcissisme des petites différences.

    - OK mais sans vous vexer pour l'instant je vais regarder le mécanisme tel que Spinoza le présente dans la partie 3 de l'Éthique.

    Ja ja es ist pas du tout kontradiktoire.

     

    Le premier rouage de la mécanique xénophobique se met en place avec une sorte de tic, de réflexe : l'imitation des affects.

    « De ce que nous imaginons une chose semblable à nous, et que nous n'avons poursuivie d'aucun affect, affectée d'un certain affect, nous sommes par là même affectés d'un affect semblable.» (Éthique prop 27 Partie 3)

    Beaucoup d'affect, hein ? C'est que Spinoza n'a pas peur des répétitions (logique quand on cherche juste le mot juste).

    1) « Nous imaginons » = nous avons l'image, s'imposant à la conscience.

    2) « que nous n'avons poursuivie d'aucun affect » = a priori indifférente.

    L'image se présente donc sans motivation mais avec évidence : un flash d'affect, « rien d'autre que le Désir d'une certaine chose qu'engendre en nous le fait que nous imaginons que d'autres, semblables à nous, ont le même désir. » (scolie prop 27)

     

    Deuxième rouage de la mécanique

    « chacun aspire par nature à ce que les autres vivent selon son propre tempérament, et tous y aspirant de pair, ils se font obstacle de pair, et tous voulant être loués c'est à dire aimés de tous, ils se haïssent les uns les autres. » (scolie prop 31)

    Le mot clé dans cette remarquable formulation de la rivalité mimétique est « pair ».

    (Par en latin = égal, semblable)

     

    Ce qui rend chacun passible de xénophobie n'est pas l'altérité de l'autre. Ce qui gêne dans l'étranger c'est bien au contraire qu'il joue dans la même catégorie.

    Et si l'on cherche à le disqualifier, à l'exclure de la partie, ce sera dans l'exacte mesure et dans les domaines précis où l'on doute de soi-même.