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Le blog d'Ariane Beth - Page 413

  • Complètement stone

     

    Dilemme n°7 : Âge de pierre ou nucléaire ?

    Comme les sports ou les arts les armes et les lois, la philosophie de nos jours ne peut faire l'impasse sur la sponsorisation. Notre septième dilemme se place donc sous le double et ambigu patronage d'AREVA et d'EDF.

    À vrai dire je n'ai pas le choix de mon sponsor (et que dire de mon sort), car l'énergie électrique nécessaire au fonctionnement de cet ordinateur est produite par le duo susnommé. Et puis sans nous vanter nous disposons aussi dans notre complexe énergétique de l'ex GDF dont le petit nom est maintenant ENGIE.

    Fallait oser hein. Pauvres Rolling Stones z'avaient pas mérité ça. Mais ils ne déboulent pas là par hasard, dans la référence il y a un sous texte du petit feinteux de communicant où je m'y connais pas. Un sous texte bien planqué sous le truc sympa comme la camelote sous l'emballage. Sous les pavés la plage sous les Stones l'enfumage sous Angie Sympathy for the Devil. CQFD.

    Car il sait bien le communicant, qu'il n'est pas tout à fait un ange, pas blanc bleu côté bonne foi. L'argument massue des prosélytes du nucléaire est en effet le bien connu « Voulez quand même pas qu'on retourne à l'âge de pierre, bande de fossiles ! » Variante : « Vous voulez encore vous éclairer à la bougie ? »

    La chose étonnante n'est pas la production de cet argument. Sa stupidité binaire (Dieu me duplique n'est-ce pas là un pléonasme ?) ne pose pas problème. Depuis l'épisode du nuage de Tchernobyl stoppé net à nos frontières, les nucléocrates savent que plus c'est gros plus ça passe.

    Il en est du mensonge comme de la radioactivité : suffit de relever le seuil « normal ». Dans nos sociétés soumises depuis des décennies aux radiations anti-lucidité du Marché, à l'emprise aliénante de la Secte des Mercantiles, comment détecter encore sous les mantras la manipulation.

    L'énergie renouvelable n'est pas encore rentable. Tu m'étonnes ! À force de repousser les investissements. Et puis faut combler le gouffre EPR, grande réussite technologique. Ainsi que les fissures dans les vieilles centrales. Et puis fallait payer le communicant pour la trouvaille Engie. Et j'en passe.

    Le nucléaire est une énergie verte ou quasiment, n'émettant pas de gaz à effet de serre. Les déchets ? Eh bien ils sont garantis biodégradables en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire je parle bien sûr des victimes d'un éventuel accident – mais comment arriverait-il, avec des sous-traitants si bien formés si bien payés, avec une ASN si vigilante et si peu accommodante ?

    L'énergie nucléaire nous assure l'indépendance énergétique. Moyennant par exemple la vente de centrales à quelques grandes démocraties amies. Mais bon si c'est ça ou vente d'armes ... Ah bon, les deux ? Pas à dire on est les super phénix du monde du Marché. Vive le progrès de l'humanité.

    Mais bon faut que je vous laisse, j'ai pas trop le temps de bavasser : y a un méga tas de silex à tailler qui m'attend devant ma grotte.

     

  • Etonnant, non ?

     

    Dilemme n°6 : Desproges ou Spinoza ?

    Ça a le goût du dilemme, sa consistance, son croustillant, mais ça n'est pas un dilemme. Ou alors c'est un dilemme light. Ni truffé de concepts bourratifs, ni nappé de sauce dialectique colorée au WFH 123. Un dilemme à choisir pour le plateau-télé de préférence à pizza surfromagée ou chips overhuilées. Le dilemme qui est l'en-cas idéal pour vos voyages en train.

    Sur le coup de midi et demi, dépliez le film transparent (ou la feuille d'alu) et, sous l'oeil envieux de votre voisin qui, moins prévoyant que vous, en sera réduit à ingérer la salade OGM/colorants ou le sandwich semelle/mayonnaise, dégustez vos pensées, en regardant passer les vaches, les villages et les champs.

    Un dilemme donc qui n'en est pas un, pour la bonne raison que les deux sus-nommés appartiennent à la même catégorie. « Quoi !? » ne manquera pas de s'exclaminterroger le lecteur. Se pourrait-il, poursuivra-t-il, que

    1) Spinoza, philosophe homologué, fût aussi humoriste sans que je le susse ?

    2) Desproges, humoriste déclaré, fût aussi philosophe sans que je l'en suspectasse ?

    3) Dieu me synthétise, philosophie et humour fussent choses ici considérées comme semblables, voire identiques ?

    - Ach si Ich peux me permettre, Ich habe écrit ein kleines Buch sur la question und ...

    - Sigmund, cher ami, vouzici ! Quel plaisir de vous retrouver !

    - Ach danke schön, liebe Ariane, es ist reziprok. Aber wollen Sie mir dire : Spinoza je vois, mais wer ist Desproges ?

    Desproges, ça n'aura pas échappé à l'hypothétique lecteur régulier de ce blog, est un de mes génies familiers. L'Humoriste par excellence, sans grande hache mais maniant le scalpel comme personne. Le grand style pince sans rire d'un prince du rire. Souvent plus pince que rire je vous l'accorde, le genre qui balance sa petite blague avec sourire en coin et œil qui pétille.

    Un genre raffiné qui a encore ses pratiquants. Si on aime le style plus brut, y a aussi les pitreries d'un type qui imite le regretté Louis de Funès dans un personnage d'homme « politique » (pouf pouf).

    Bref Desproges pratiquait l'humour vache pour réveiller les bœufs, tandis que Spinoza riait de voir combattre les araignées.

    Entre deux combats d'araignées, Spinoza écrivait l'Éthique, le livre de sa joie. Desproges essayait de vivre heureux en attendant la mort, s'occupant à canarder les cons pour sa jubilation et la nôtre.

    Desproges ou Spinoza ? Pile la joie gagne, face la mort perd.

     

  • Conservation

     

    Dilemme n°5 : Feuille d'alu ou film plastique ?

    Il est temps de cesser les enfantillages et les débats inconsistants (je mets à part le nourrissant fromage ou dessert naturellement) pour entrer dans le dur, le concret, le réalisme, la lutte des classes pourquoi pas au point où on en est.

    Bref philosopher en physiologistes selon le programme de Nietzsche. 

    Gardons-nous cependant de penser que si nous sommes capables, en ce début du XXI° siècle, de nous poser enfin de vraies questions dont celle-ci, c'est que nous sommes moins cons que nos prédécesseurs. C'est seulement que notre industrie chimique est un peu plus au point que la leur.

    Eût-il disposé lui aussi de ces fleurons capitalistiques bienfaiteurs de l'humanité, Neandertal aurait posé la question que je pose, au lieu de chasser le mammouth ou quoi que ce soit.

    Ou du moins après la chasse et le repas, au moment où Madame Neandertal lui aurait dit : « Chouchou tu peux ranger les restes de mammouth dans le garde-manger, du temps que je ponce les assiettes en lave ?

    - Feuille d'alu ou film plastique, Mammouth ? euh Mamour ? »

    Platon lui-même en aurait eu l'idée. Peut être. Montaigne aurait déniché dans sa librairie la citation ad hoc.

    « 'Inutilis quaestio est aluminium sive plasticum. Veni vidi dixi : emballa quod pesatum, unum punctum est totum.' répondit impatiemment César au soldat chargé de l'intendance. Pour moi je n'aime point le réchauffé, et ainsi point les restes qui à l'aventure peuvent l'être. Si bien que je ne saurais dire que ceci : emballez, n'emballez pas, aluminez, plastiquez, peu me chaut. »

    Bref le film plastique réserve bien des déboires au déroulage et au déchirage, mais il a l'avantage de la transparence. Ce qui par les temps qui courent est un argument j'en conviens. La feuille d'alu évite les accidents majeurs de manutention mais nous laisse dans l'opacité.

    Pour moi j'ai un petit faible pour le film plastique, mais comme on oublie plus souvent d'en racheter que de l'alu, en pratique on doit emballer mezzo mezzo.

    J'ai connu quelqu'un qui connaissait quelqu'un qui lavait les feuilles d'alu usagées pour s'en resservir. (OK ce n'est pas une info de première main non plus, mais j'ai confiance dans la personne qui m'a dit ça, elle ne fait ni dans la politique ni dans l'aliénation religieuse ni dans la banque ou le commerce en général).

    Bref je n'ai pas osé demander ce qu'il advenait de l'alu ayant servi à des sardines en papillotes, par exemple.

    Imaginons une invitation à dîner émanant de cette maison, que faire : m'y rendre, mue par la belle curiosité scientifique d'observer un rare spécimen de névrose ? Refuser par souci mesquin de ma santé ? Encore un dilemme.

    J'ai la vague impression d'être condamnée à aller de Charybde en Scylla.