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Blog - Page 229

  • Au coin de la rue : jeunes hommes

     

    Un jeune homme marche devant moi, jean retroussé jusqu'à mi-mollet, pieds nus dans ses baskets.

    Mes chevilles éprouvent avec les siennes l'enveloppement de l'air, semblable à une eau vivifiante.

    Froid d'hiver clément, contre lequel il n'y a ni à lutter ni à récriminer.

     

     

    Un tout jeune homme en fauteuil devant le distributeur de billets où son accompagnatrice fait un retrait. Son regard vers un motard qui démarre en trombe au feu vert.

     

     

    Lui, là, il me rappelle quelqu'un, me dis-je en croisant un homme plus si jeune mais cultivant une allure d'adolescent attardé : ce blouson à capuche, cette mini-frange, cet air de faux jeton, qu'est-ce que ça me rappelle ?

    J'y suis : à partir d'une vague ressemblance, il s'est grimé en sosie du créateur de Facebook.

    Vite, un selfie.

     

     

  • Au coin de la rue : jusqu'ici

     

    Je traverse le boulevard.

    À ma gauche une vieille ratatinée, le déambulateur laborieux. À ma droite un pépé avachi, la canne arythmique.

    Le feu repasse au vert qu'ils sont encore au milieu du gué.

    Oui, me dis-je, pourquoi se hâter d'arriver là où ils vont ?

    Instinctivement je ralentis mon pas.

     

    Dans la petite rue qui surplombe la collégiale, des voitures garées jusque sur les trottoirs. Sur le parvis une foule plus curieuse que triste signale l'enterrement d'un VIP.

    Curieuse autant, je me promets de me renseigner, même si, habitante récente de la ville, j'ai peu de chances de connaître le notable ci-gisant.

    Un homme en retard monte quatre à quatre l'escalier, téléphone à l'oreille. Il dit : « Oh la soixantaine ... » L'âge du défunt ? Le sien ?

    La réponse de son interlocuteur (trice) le fait éclater d'un rire franc. Scandaleux manque de tact ou naïf bonheur à être encore là, au nombre des vivants sous un beau soleil hivernal ?

    Je choisis le deuxième : je le partage.

     

  • Au coin de la rue : étrange

     

    La devanture d'un coiffeur annonce « homme » « femme » « enfant ». Quel sens trouver à ces guillemets ? Incertitude existentielle ? Truc de marketing ?

     

    Il/elle tangue sur des cothurnes dorés, orteils entravés, mollets saucissonnés, cheveux décolorés, exténués de permanentes, taille guêpée de stretch. 

    Il faut souffrir pour être « belle » ?

     

    Cette femme qui arrive à pas menus face à moi sur le trottoir, on dirait ma mère passé 65 ans, ou ma grand mère.

    En me croisant, elle me dévisage avec insistance, comme si moi aussi je lui rappelais quelqu'un.

     

    Une petite dame aux cheveux blancs dont je vois le reflet dans chaque vitrine de la rue : je vais finir par croire qu'elle me suit. Que me veut-elle ?

    Qu'ai-je à faire de cette mémère ?